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Markku Kulmala, chercheur de renommée internationale en science des aérosols atmosphériques, évoque l’excellence de la recherche forestière finlandaise, tout en soulignant qu’il faut encore recueillir davantage d’informations. INTENSIFIER LA RECHERCHE FORESTIÈRE !

ELINA VENESMÄKI ET SANNA LAAKKONEN, photos VESA TYNI

L’académicien Markku Kulmala , premier président du Panel finlandais sur le changement climatique, étudie l’atmosphère et le changement climatique depuis des décennies. « Mon intérêt pour ce domaine est né d’une pure curiosité et du désir que j’avais de mieux comprendre notre environnement », explique-t-il. Professeur de physique des aérosols et de l’environnement, Markku Kulmala travaille principalement au Centre de recherche sur l’atmosphère et le système terrestre (INAR) de l’Université d’Helsinki. À sa tête depuis le début des années 1990, il y étudie la composition de l’atmosphère et le changement climatique, et en pilote les activités nationales ainsi que les réseaux internationaux. En tant que chercheur en géosciences le plus cité au monde entre 2011 et 2018, Markku Kulmala est docteur honoraire des universités de Stockholm, Tartu, Budapest, Nanjing et Fudan, et membre des académies des sciences russe et chinoise. « Je ne serais ni académicien ni aussi souvent cité sans les stations SMEAR », confie Markku Kulmala. LES ENSEIGNEMENTS DE TCHERNOBYL L’intérêt de Markku Kulmala pour les Stations mesurant les surfaces terrestres et les relations avec l’atmosphère (SMEAR) et leurs découvertes révolutionnaires a débuté en 1977 dans le cadre de ses études en physique théorique à l’Université d’Helsinki. Quelques années plus tard, il s’est tourné vers les sciences de l’atmosphère, avant d’intensifier progressivement ses recherches sur le changement climatique. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl survenue en 1986 a marqué un tournant dans sa carrière. « Nous avons effectué des mesures sur les aiguilles de conifères, les poissons, le sol, le lait de vache, etc. pour comprendre le comportement des substances radioactives comme le césium. Cela nous a donné une idée générale du transfert des substances, de leur circulation de l’extérieur vers l’intérieur, de l’atmosphère vers le sol et les arbres, par exemple. »

COMPRENDRE LES EFFETS DE L’ÉCOSYSTÈME FORESTIER Markku Kulmala explique que cette idée a agi comme un moteur fondamental dans la construction des stations SMEAR, qui mesurent les interactions entre l’atmosphère et les écosystèmes à la surface de la Terre. Les résultats fournissent des données diverses et exhaustives à long terme sur différents écosystèmes tels que les forêts. Markku Kulmala a contribué à l’histoire de ces stations dès le début, et les travaux connexes ont fait de lui et de la Finlande le premier chercheur en sciences de l’atmosphère. Il a fondé les stations avec Pertti Hari , professeur émérite en écologie forestière. La première a été établie sur la colline de Värriö, dans l’est de la Laponie finlandaise, en 1990-1991. SMEAR II, la plus célèbre des cinq stations finlandaises, appartient à de multiples réseaux de mesure internationaux. Établie en 1995-1996 sur la station forestière de Hyytiälä de l’Université d’Helsinki dans la région de Tampere, elle a produit un flux constant de données destinées à la recherche. « La collecte de données sur les forêts est particulièrement importante, car l’écosystème forestier possède une influence majeure sur l’atmosphère. Ces mesures nous aident à identifier les différentes boucles de rétroaction qui se jouent entre les forêts et l’atmosphère. » La station SMEAR II surveille plus de 1 200 variables. « Nous offrons la plage de mesures la plus large au monde. Une station de pollution atmosphérique classique ou une station météorologique ordinaire mesure dix variables. » L’IMPACT CLIMATIQUE DES FORÊTS Grâce à la station de Hyytiälä, les forêts finlandaises sont les mieux mesurées au monde. « Nous examinons les processus naturels le plus largement possible afin d’apporter des réponses aux enjeux tels que le changement climatique. Sans ces mesures, nous n’en saurions pas autant sur les puits de carbone. Nous ignorerions par exemple qu’une forêt de conifères en Finlande méridionale, y compris son sol, absorbe annuellement 300 grammes de carbone par mètre carré », ajoute Markku Kulmala.

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