Magazine client Timber 2021/2022

Siège social de Meiken Lamwood

Dans l’architecture japonaise traditionnelle, les structures font appel à des poteaux et des poutres en bois. Cette méthode de construction est utilisée pour tous les bâtiments, des petites maisons aux maisons de cérémonie du thé, en passant par les grands temples et sanctuaires. LES POTEAUX ET POUTRES FONT LEUR RÉVOLUTION

MASATO NAKATANI, photos MEIKEN LAMWOOD

En termes de structure et de liaisons, la méthode japonaise de construction avec des poteaux et des poutres en bois présente des caractéristiques uniques. Avec cette approche traditionnelle, l’idée est de dévier en douceur les forces externes puissantes telles que le vent et les séismes, au lieu de les contrer frontalement. C’est ce que permet le bois résineux, certes moins résistant, mais plus élastique que le bois dur. Les assemblages sont spécialement construits pour garantir fluage et résistance. Lorsqu’ils sont exposés à des forces encore plus importantes, les murs de boue entre les poteaux fournissent un tampon qui réduit la force destructrice qu’ils dégagent en s’effondrant. Ces principes sont utilisés dans diverses parties des bâtiments japonais, y compris les fondations, le noyau des murs de boue et la disposition des tuiles sur les toitures. Grâce à leur élasticité, les poteaux et les poutres reprennent leur position initiale une fois les forces extérieures disparues. Les bâtiments érigés de cette façon reposent sur une ossature de poteaux et de poutres qui limite la nécessaire présence de murs, généralement moins nombreux que dans les constructions européennes. Les planchers sont élevés au-dessus du niveau du sol pour améliorer la ventilation dans le climat chaud et humide du Japon. Si l’on ignore l’origine et l’âge de cette méthode, des restes d’assemblages de ce type ont été découverts dans des ruines vieilles de 4 000 ans. On en déduit que la méthode des poteaux et des poutres en bois a dû être inventée encore plus tôt. POTEAUX ET POUTRES D’AVANT ET D’AUJOURD’HUI De nos jours, les forêts japonaises représentent près de 70 % de la superficie totale du pays, l’un des taux les plus

élevés au monde. Jusqu’à il y a une soixantaine d’années, le pays manquait cependant de ressources forestières. Au VIII e siècle, les ressources forestières étaient si rares que l’abattage des arbres était interdit. Ainsi, la construction de bâtiments sûrs à partir d’une quantité limitée de bois a longtemps été une priorité. La méthode de construction classique encore utilisée aujourd’hui s’est généralisée à partir de 1945. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des grandes villes japonaises avaient été réduites en cendres et les matériaux de construction se faisaient rares. Il a alors fallu bâtir des maisons robustes avec un minimum de matériaux. Avec les progrès de la mécanique structurelle et le clouage des plaques de métal sur les assemblages, le calcul de la résistance des bâtiments s’est trouvé facilité, éliminant ainsi le besoin de compter sur l’expérience et l’excellence des charpentiers. La méthode classique utilisée aujourd’hui est un système théorique et calculable, c’est-à-dire une version modernisée de la méthode traditionnelle. L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE DE BOIS AU JAPON Alors que la construction résidentielle est le principal moteur de la demande de bois au Japon, les bâtiments non résidentiels pourraient eux aussi peser dans la balance à l’avenir en devenant un marché pour le lamellé-collé, prédit Yasuo Toyoda , Directeur général de la division Produits en bois chez ITOCHU Kenzai Corp. « Les Japonais affectionnent depuis longtemps les bâtiments en bois. Notre vie quotidienne a toujours été entourée d’arbres. Aujourd’hui encore, la demande de maisons en bois est forte. Quand il s’agit de bâtir une maison, 80 % des Japonais optent pour le bois. » Cela explique que la demande de bois du Japon soit

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