TESTI of Magazine client Timber 2022/2023

Le marché du bois

La nouvelle norme des prix du bois scié

MATTI REMES

Les fluctuations record des prix du bois scié ont montré qu’il est de plus en plus difficile de prédire l’avenir sur les marchés mondiaux. De nouveaux facteurs de prix changent la donne.

Les prix du bois scié varient traditionnellement en fonction des conditions commerciales, mais l’instabilité inédite des prix en 2021 a surpris même les experts les plus aguerris. Antti Koskinen , directeur chez AFRY Management Consulting, raconte qu’il n’a rien vu de tel en plus de 20 ans de carrière. « 2021 fut une année sans précédent pour ceux qui surveillent ce secteur. » Cette hausse des prix a été comparée à la reprise provoquée par la guerre de Corée en 1951, qui a par ailleurs entraîné une crois- sance jamais vue dans l’histoire finlandaise du secteur des scieries. « La crise financière de 2008 a également engendré une aug- mentation considérable des prix du bois scié, toutefois inférieure à celle de 2021 », explique Antti Koskinen. C’est aux États-Unis que l’on a assisté à la plus grande volatilité l’année dernière. Au mois de mai, les contrats à terme sur le bois d’œuvre dépassaient les 1 600 $ par pied-planche ; à la fin de l’été, le prix repassait sous les 500 $. Les prix du bois scié ont également connu de fortes fluctuations en Europe, certes moins importantes qu’en Amérique du Nord. Le pic européen a été atteint à la fin de l’été, quelques mois après le pic nord-américain. Au début de l’automne, le retour à la réalité fut plutôt brutal. La Chine, à son tour, a augmenté ses importations de grumes au détriment du bois scié. « En Chine, la hausse des prix du bois scié a été plus modérée, ce qui peut en partie s’expliquer par le léger ralentissement de la construction, pourtant en pleine explosion ces dernières années. » L’effet domino de la conjoncture américaine Pour Tuomo Neuvonen , l’évolution du marché américain du bois en particulier a considérablement influencé l’évolution des prix

sur d’autres marchés. Tuomo Neuvonen est chef de projet chez Fastmarkets FOEX, qui fournit des indices de prix pour l’industrie forestière. « 2020 a fonctionné au ralenti en raison de la pandémie. L’hori- zon semblait devenir de plus en plus menaçant, mais les perspec- tives du marché ont complètement changé en 2021. » Après avoir reculé, la construction a recommencé à progresser plus rapidement que prévu, stimulée par les bonnes performances de l’économie, la reprise de l’emploi et les faibles taux d’intérêt. La construction de logements a également été encouragée par la montée en puissance du télétravail pendant la pandémie et le besoin de plus d’espace dans les foyers. « Le plan de relance record du président Joe Biden contre la COVID-19 a également eu une incidence sur la construction, fa- vorisant ainsi la demande de bois scié. » La capacité de production de bois scié aux États-Unis n’a pas pu répondre à la demande supplémentaire, et le Canada n’a pas été en mesure de combler la différence. « Cette situation a permis aux producteurs européens d’accroître leurs exportations outre-Atlantique », explique Tuomo Neuvonen. La demande sur le marché européen est également restée à un meilleur niveau que prévu. Contrairement aux prédictions ini- tiales, la pandémie n’a pas paralysé l’économie et la construction de nouveaux bâtiments. On a même assisté à une hausse des projets de rénovation et de bricolage. Les goulots d’étranglement dans l’approvisionnement en bois scié ont fait grimper les prix. Avec la pandémie, de nombreuses scieries ont limité leur production, car on s’attendait à un ralen- tissement de la demande. Les livraisons vers les marchés interna- tionaux étaient freinées par des problèmes logistiques. Les ports étaient engorgés et il y avait une pénurie de conteneurs maritimes.

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