« La construction en bois est un puissant catalyseur de la demande de bois scié à long terme. »
Les effets de la guerre sont difficiles à prévoir L’attaque de la Russie contre l’Ukraine à l’hiver 2022 et la guerre qui a suivi ont renforcé l’incertitude sur les marchés du bois scié. Avant le conflit, la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine fournis- saient chaque année au marché européen environ 9 millions de mètres cubes de bois scié, dont la moitié provenait de Russie. Depuis le début de la guerre, l’Union européenne a imposé une interdiction totale des importations de bois et de produits à base de bois en provenance de Russie et de Biélorussie. « Les importations en provenance de ces pays représen- tent environ 10 % de la demande dans les pays de l’Union européenne », précise Antti Koskinen , responsable chez AFRY Management Consulting. À cause de la guerre et des sanctions économiques qui en découlent, la vente de bois scié russe et biélorusse à l’UE est désormais suspendue. Antti Koskinen et Morten Bergsten estiment tous deux que l’impact de la guerre sur la croissance économique, donc sur la demande de bois scié, est difficile à prévoir à ce stade. « Certains pays prévoient un ralentissement de la croissance, mais nous n’avons aucune vue d’ensemble. Les perspectives sont floues. » Morten Bergsten estime que la demande américaine de bois scié restera à un niveau élevé. « La production de bois scié du pays ne suffit plus à satisfaire la demande nationale, et le Canada est incapable de fournir le marché américain comme il le faisait auparavant. Cela prolon- gera inévitablement les exportations européennes de bois scié à l’avenir. » En Europe, la situation de la demande semble également floris- sante, d’après Morten Bergsten. « Si les décideurs politiques privilégient la construction en bois, les investisseurs privés surfent également sur la vague verte de la construction. Dans le secteur du bois scié, l’avenir s’annonce pro- metteur pour l’ensemble de la chaîne de valeur, des propriétaires forestiers aux vendeurs de bois », affirme-t-il. Morten Bergsten estime que, malgré les défis et les incertitudes inévitables, le secteur du bois a des raisons d’être optimiste à long terme. La capacité du bois à atténuer le changement climatique est déjà largement reconnue. Cela signifie que la part du bois en tant que matériau de construction augmentera et encouragera la demande. « Il est possible que les prix du bois scié se stabilisent à un niveau plus élevé qu’auparavant. Toutefois, nous ne savons pas encore quelle sera la nouvelle normalité. » •
Des différences régionales dans la fixation des prix L’Europe et l’Amérique du Nord représentent les plus grands marchés pour le bois scié, mais l’Asie, en particulier la Chine, a gagné en importance d’année en année. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont également traditionnellement importants pour les scieries. Les prix du bois scié sur les différents continents ont tendance à se suivre, mais il existe également des disparités régionales dans la constitution des prix, influencées en partie par des canaux de distribution différents. Tandis que le marché européen est stimulé par les ventes directes des grossistes et des scieries aux plus gros clients, les États-Unis dépendent fortement des chaînes de distribution qui vendent le bois aux entreprises de bricolage. Quant au marché chinois, il est dominé par de grandes maisons de négoce. Le prix du bois scié est majoritairement influencé par la de- mande dans les principales applications du bois, comme la construction privée et publique, les infrastructures civiles et le secteur de l’ameublement. La demande dépend également de la disponibilité et du prix des grumes de sciage. Par exemple, des scieries ont fermé en Co- lombie-Britannique en raison de la pénurie de grumes causée par les insectes. De nouvelles scieries ont vu le jour dans le sud des États-Unis, où la matière première est facile d’accès. « À long terme, le prix du bois pourrait également subir les effets du changement climatique », ajoute Tuomo Neuvonen. En raison du réchauffement climatique, les dégâts provoqués par les insectes ont augmenté en Europe centrale. Les incendies de forêt et les inondations causés par les sécheresses risquent également de se multiplier. À la recherche de nouvelles normes de prix Morten Bergsten s’attend à ce que les flambées des prix du bois se poursuivent au moins dans une certaine mesure. Les cycles économiques vont et viennent. Du côté de l’offre, des conditions naturelles exceptionnelles, des restrictions à l’exportation et des enjeux géopolitiques peuvent provoquer des changements sou- dains. « Cependant, la construction en bois, portée par les tendances du développement durable, est un puissant catalyseur de la de- mande de bois scié à long terme », explique-t-il.
Morten Bergsten Directeur général de la société danoise Bergsten Timber et vice-président de la Fédération européenne du commerce du bois. Il possède plus de 30 ans d’expérience dans la vente en gros et l’importation de bois scié.
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