« Il y a quelque chose dans le bois qui donne envie de le toucher. Et lorsqu’on le touche effectivement, on transmet inconsciemment un sentiment de bien-être au cerveau à travers les mains. »
leurs prédécesseurs. On peut se demander pourquoi, mais c’est précisément l’innovation qui pousse les gens à étudier pour de- venir architectes et ingénieurs en construction. » La construction en bois est stimulée par divers projets impres- sionnants et très médiatisés. Parmi les bâtiments finlandais qui ont attiré l’attention internationale figurent la bibliothèque centrale d’Helsinki Oodi et le sauna Löyly, situé sur le front de mer de la capitale finlandaise. Dans les autres pays, Pekka Heikkinen cite le Metropol Parasol de Séville, en Espagne, même s’il reconnaît ne pas être particulièrement intéressé par les immenses monuments en bois, mais plutôt par les solutions efficaces et durables. « Mes expériences les plus mémorables de la construction en bois viennent des bâtiments en bois massif, qui donnent à per- cevoir la densité et même sentir l’odeur du bois. C’est toujours intéressant de percevoir le matériau avec d’autres sens que la vue. » Pekka Heikkinen s’est également montré impressionné par le musée Hamar, conçu par le Norvégien Sverre Fehn . Ce mu- sée intègre des poutres courbes en lamellé-collé, associées aux structures en pierre et en bois d’un ancien bâtiment agricole du XVIII e siècle. « On y fait l’expérience intime de l’architecture. » Le bois invite au toucher Ingénieux et original, plutôt que grand et imposant : voilà com- ment on pourrait décrire le travail de Pekka Heikkinen et de ses étudiants. Le fait de pouvoir sentir le bois joue également un rôle important dans leurs projets. En 2010, Pekka Heikkinen et ses étudiants ont soumis une pro- position appelée « Luukku » à un concours sur la construction économe en énergie. La maison a été construite dans le quartier d’Otaniemi, à Espoo, et transportée à Madrid, en Espagne, pour le concours, où elle a reçu 200 000 visites pendant la semaine de compétition. « Les jours où j’étais là, tous les visiteurs allaient toucher les surfaces en bois. Il y a quelque chose dans le bois qui donne envie de le toucher. Et lorsqu’on le touche effectivement, on transmet inconsciemment un sentiment de bien-être au cerveau à travers les mains. »
Un matériau fascinant C’est un peu par hasard que Pekka Heikkinen s’est spécialisé dans l’architecture en bois pendant ses études. Dans le cadre d’un cours sur la réparation des bâtiments, alors qu’il travaillait sur une mai- son en bois délabrée, son professeur l’a encouragé à utiliser un couteau pour étudier l’état des structures. « J’ai compris que le bois est un matériau qu’il faut comprendre et je me suis donné 10 ans pour tout apprendre sur le bois. Au- jourd’hui, quelques décennies plus tard, j’ai encore beaucoup à apprendre, mais le travail avec le bois est indéniablement pas- sionnant. » Après avoir obtenu son diplôme d’architecte en 1991, Pekka Heikkinen a travaillé pendant quelques années dans des cabinets d’architectes. En 1995, il s’est retrouvé à enseigner à temps partiel la construction en bois dans le département d’Architecture de ce qui s’appelait alors l’Université de technologie d’Helsinki. En 2008, il a été nommé Professeur d’architecture en bois. « La construction en bois reste un centre d’intérêt certain pour moi, car elle est à la fois tangible et responsable, surtout par rap- port à la durabilité de nos jours. » Une architecture saisissante Selon Pekka Heikkinen, la construction traverse actuellement une phase intéressante. Tous les ans ou presque, quelqu’un conçoit une maison en bois qui possède un ou deux étages de plus qu’avant, repoussant ainsi constamment les limites de l’existant. Prenons l’exemple de la tour Mjøsa, haute de 18 étages et située en Norvège, qui perdra en 2022 son titre de plus haut bâtiment résidentiel en bois au monde au profit de la tour Ascent, à Milwaukee, aux États-Unis, qui compte pas moins de 25 étages. « Ces projets à grande échelle prouvent que le bois est depuis longtemps à la fois un produit industriel et un mode de construc- tion. La tour Mjøsa a montré que l’on avait beaucoup appris du précédent immeuble en bois de 14 étages à Bergen, en Norvège. Les défauts avaient été éliminés et des solutions adéquates avaient été mises en œuvre », explique-t-il. « Les nouveaux bâtiments intègrent toujours une certaine dose d’innovation ; ils ne sont jamais construits exactement comme
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